Les softskills, enjeux de performance pour les professionnels du droit

Par Marian Rattoray, le .

Le 25 mars dernier, Happy-Up Performance a participé à la conférence-débat en ligne coanimée par l'Incubateur du Barreau de Rennes et l'Association Française des Juristes d'Entreprise (AFJE). Dédié aux professionnels du droit, cet évènement en ligne a regroupé avocats, juristes d'entreprise et directeurs juridiques pour échanger sur l'enjeu et l'importance des softskills dans les professions juridiques. Pour illustrer cette pratique, des retours d’expérience de cabinets et de directions juridiques d’entreprises ont été réalisés permettant ainsi de saisir en quoi la maîtrise des softskills est devenue incontournable dans l’exercice professionnel. Si vous avez manqué ce temps d'échange, voici un résumé que nous vous partageons.

Les softskills, enjeux de performance pour les professionnels du droit

Introduction au concept des softskills

Franck Simon, membre de l’IBR et coach en management (notamment auprès des professions libérales) chez Happy-Up Performance est intervenu pour poser le cadre, expliquer ce que sont les softskills et en quoi elles sont essentielles pour les professions du droit aujourd’hui.

 

Softskills, de quoi parlons-nous ?

Les softskills représentent des « habiletés comportementales » et découlent de notre capacité à se mobiliser, à se connaître soi-même, à se questionner et assumer des relations positives avec son entourage. À titre d’exemple, on peut citer l’écoute, l’adaptation, avoir le sens du collectif, le respect dans les relations, etc.

On oppose souvent les softskills aux hardskills (le savoir-faire) qui représentent des compétences techniques, des savoirs relatifs à la formation et à l’expérience dans le champ professionnel. En réalité, il n’y a pas de vraie opposition puisque les softskills « subliment » les hardskills et les accompagnent dans une utilisation pertinente et efficiente.

 

En quoi les softskills sont un enjeu pour les professionnels du droit ?

Le monde du travail et du droit évolue (digitalisation, accélération des échanges, accroissement de la règlementation…). Dans ce contexte, la maîtrise des savoirs et les diplômes associés sont nécessaires mais restent insuffisantes.

En tant que professionnel : au-delà de l’expertise juridique, c’est la capacité à entrer en relation de façon positive et comprendre les besoins de son client (en interne, comme en externe). Cela implique donc un changement de posture en passant d’« expert-sachant » à celle de « partenaire-conseil » qui induit une relation de confiance et s’attache à comprendre et répondre aux enjeux du client dans leur globalité.

En tant qu’organisation : il s’agit d’intégrer dans les approches managériales et RH la dimension des softskills en les prenant en compte dès l’identification des besoins en compétences, dans le recrutement des futurs collaborateurs et dans l’accompagnement des managers qui ont, en la matière, un rôle essentiel à jouer.

 

Comment développer ses softskills quand on est un professionnel du droit ?

« C’est la question à 1 million » plaisante Franck Simon quand il commence à aborder ce sujet, oui, car il n’y a pas de recette magique pour développer ses softskills, "nous ne sommes pas dans une démarche descendante, voire mécaniste ». Cependant, on peut les acquérir et les développer en prenant conscience de sa manière de faire et en s’exerçant. C’est ce qu’on appelle la Conscientisation et l’Expérimentation active.

Par exemple, pour développer l’écoute d’un de ses collaborateurs :

  1. Conscientisation : on l’interroge sur la place qu’il laisse aux autres dans les échanges, sa tendance à couper la parole, à donner la réponse avant les autres. L’objectif est, par un effet miroir, de faire prendre conscience à la personne la manière dont elle se comporte dans une situation donnée et interagit avec son environnement.
  2. Expérimentation active : on privilégie les questions ouvertes, on arrête d’interrompre l’autre, on met en place un processus de prise de parole en temps collectif. L’objectif ici est, après la conscientisation, d’expérimenter de nouvelles façons de faire, d’adopter de nouveaux comportements qui vont modifier de façon bénéfique nos comportements et nos relations aux autres.

 

Table ronde et retours d’expérience des professionnels du droit sur les softskills

Parmi les intervenants, des cabinets d’avocats rennais comme le cabinet ABC, le cabinet Coudray et le cabinet GBA Avocats mais aussi des directeurs juridiques et juristes d’entreprises travaillant au sein du Groupe Roullier, l’Orange Bleue, la Saria et le Groupe Duval.

Deux tables rondes ont été initiées : l’une sur l’importance des softskills dans les relations internes (relations de management, avec les autres services…), l’autre sur l’importance des softskills dans les relations externes (par exemple dans les négociations). Chaque intervenant a présenté des cas concrets de mise en pratique des softskills dans son environnement, en voici quelques exemples.

« Quand on est directeur juridique on a positionnement de salarié contrairement aux cabinets d’avocats. Il faut donc savoir dire les choses pour être entendu et mener à bien nos missions. Dire les choses oui, mais aussi bien les manier, avec prudence et assurance. » dit Benoît ZAPP, Directeur juridique et conformité de Saria.

Le cabinet d’avocat ABC quant à lui, a choisi de se faire certifier : « L’avantage de la certification, c’est qu’elle intervient aussi sur le champ des ressources humaines. Grâce à cette feuille de route précise, on travaille à faire monter tout le monde en compétences et on évalue les softskills dans notre plan de développement de compétences et le recrutement. » explique Sophie Neveu, office manager du cabinet ABC. Elle explique aussi s’intéresser aux pratiques de ses partenaires commerciaux « Dans des partenariats commerciaux, on cherche aussi quelle est la valeur ajoutée du partenariat, on s’intéresse à nos interlocuteurs, à leur façon de s’exprimer, d’approcher les problèmes … Ça nous aide à être plus performant car c’est un facteur de développement pour nous et c’est cela qui permet de fidéliser le client. »

Pour Mathilde Guillemin, Juriste à l’Orange Bleue, « Aujourd’hui, il faut comprendre le business et comprendre ce qu’on attend de nous. La compétence de négociation est aussi une compétence clé : faire preuve d’agilité intellectuelle tout en faisant passer son point de vue et vendre du gagnant-gagnant. »

 

Des métiers et des méthodes de travail qui évoluent, des outils qui se numérisent, des délais qui s’accélèrent... La profession juridique se transforme à grands pas. Aujourd’hui, le savoir-faire et les diplômes ne suffisent plus. Avocats, juristes et directeurs juridiques doivent développer des habilités comportementales qui viendront ajuster leur posture et s’ajouter à leur palette de compétences.

Pour s’adapter à ces mutations et suivre la cadence, la maîtrise et le développement des softskills est indispensable pour construire un projet pérenne et faire progresser les collaborateurs tant en cabinet qu’en entreprise.

 

À propos des animateurs de la soirée

L’Incubateur du Barreau de Rennes agit pour accompagner l’évolution et la transformation de la profession d’avocat. L’association sensibilise l’écosystème juridique rennais au regard des évolutions sociétales, techniques, environnementales et économiques et anticipe les nouveaux modes de consommation du droit.

 

L’AFJE est la première organisation professionnelle de juristes d’entreprise. Elle regroupe les juristes d’entreprise de France depuis 1969. Organisée de façon régionale, son objectif est de promouvoir la profession de juriste auprès des dirigeants, de promouvoir le statut de juriste et d’être un lieu d’échanges et de formations sur les grands sujets d’actualités.

 

Happy-Up Performance est un cabinet d’accompagnement managérial. Il propose des accompagnements professionnels individuels et collectifs pour améliorer la performance des organisations, notamment auprès des professions libérales.

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